mardi 10 avril 2007

Qui pouvait prédire que des français issus de l’immigration allaient voter Front National ?

Par Olivier RIMMEL

La deuxième génération de français issus de l’immigration trouble et perturbe le jeu politique à la veille des Présidentielles.

Voilà des individus citoyens légalement français, dont les parents sont originellement maghrébins ou africains et qui vont voter massivement Jean-Marie Le Pen, candidat du Front National.Un Front National qui semble d’ailleurs épuré, rénové, objectif, autour d’une ligne politique beaucoup plus respectueuse des uns et des autres et où évoluent des idées sociales et économiques innovantes et à priori réalistes, un mouvement politique qui incarne désormais ce que j’appelle le nationalisme moderne, fédérateur.

Un Front National qui se déclare ni de droite ni de gauche, et encore moins d’extrême droite, et qui se positionne “hors système”.Écoutez les messages et les arguments crédibles d’Ahmed (“La banlieue s’exprime”, labanlieuesexprime.org) ou encore de Farid Smahi (cadre Front National), ils revendiquent clairement leur identité française, leur appartenance à la France, leur Nationalité Française et l’idée qu’ils se font de la France, au point qu’un Gaulois pourrait parler comme eux, eux-mêmes parlent comme des Gaulois.

N’est-ce pas suffisamment perturbant pour ne pas qu’on y attache un certain regard ? N’est-ce pas l’idéal absolu en matière d’intégration ?Ahmed ou Farid représentent des dizaines de milliers de français issus de l’immigration, qui sont plein de bonne volonté, mais écrasés, désabusés et engloutis par un système mal pensé et mal conçu qui laisse définitivement certaines catégories de personnes à l’écart.

Ce sont des français issus de l’immigration qui comprennent que la préférence nationale du programme de Jean-Marie Le Pen les protège vraiment plus qu’il ne les fragilise.Rappelez-vous qu’il n’y a pas si longtemps, dans les médias les Nationalistes étaient fondamentalement des racistes, alors qu’ils s’épuisaient à nous répéter que non.

On nous aurait manipulé et menti à ce sujet ?Dans les banlieues, on sait comme partout ailleurs que seuls quatre candidats ont une réelle chance de gouverner un pays malade, au bord d’un de ses plus grands drames.Objectivement, le raisonnement des laissés pour compte est cohérent voire indiscutable, il rejoint celui de nombre d’analystes sérieux et anonymes.

Depuis des dizaines d’années, les gouvernements ont accumulé dans des ghettos autour des grandes villes des millions de gens leurrés par des espoirs et des promesses jamais tenues, qui sont globalement exploités et à qui on n’offre rien d’autre qu’une misérable vie d’individus devenus infréquentables.Le résultat, c’est qu’aujourd’hui, ces millions de gens se voient en plus enfermés dans une sorte de ghetto mental qui se referme sur eux. A

ucun de ceux-là ne pourrait renouveler sa confiance ni au PS, ni à l’UMP, ni à l’UDF, pour l’évidente raison que ce sont ces mouvements politiques qui sont à l’origine de leur misérable existence, ce qui curieusement n’empêche pas leurs dirigeants respectifs d’assurer que le mal est du côté du Front National et de son mentor Jean-Marie Le Pen.Une seule chose est certaine, l’orientation politique des banlieues est stratégique, compte tenu du poids qu’elles représentent.

L’idéologie a évolué, et désormais il va falloir compter sur l’engagement républicain de millions de gens qu’on n’attendait pas là, dans toutes les banlieues de France.

Les gens sentent ou savent qu’on leur ment, que les promesses servent à les endormir.Dans les banlieues, les gens ont peut-être cette qualité instinctive qui les démarquent des autres français, ils seront les premiers à avoir le courage d’aller au bout de la démarche, une démarche qui consiste à donner sa chance à un homme de valeurs et de convictions, qui aura donné sa vie au combat politique malgré les innombrables difficultés pour la sauvegarde d’une certaine France, qualitative, libre, juste, respectueuse, humaine et humaniste, centrale dans le monde, à l’intérieur d’une autre Europe qui s’alignerait sur les mêmes valeurs.

D’une certaine manière, le combat de Jean-Marie Le Pen a fini par croiser celui des populations des banlieues. Leur rencontre même si elle apparaissait comme improbable, devient légitime et se renforce.La nouveauté c’est qu’ils dialoguent, ils se surprennent à se comprendre et découvrent qu’ils ne sont pas ni opposés, ni ennemis ... au contraire.

Olivier RIMMEL
Analyste

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