Des défenseurs du français et de la francophonie attaquent en justice le maire de Tokyo

mardi 20 mars 2007


Navrant

La France a une excellente image au Japon, Jean Reno qui y a fait une carrière dans la publicité peut en témoigner. Pourtant, certains Japonais voient d'un mauvais oeil ceux qui parlent le français, pas dans la pub mais à l'université

C'est David contre Goliath, le combat d'une une poignée de francophones bien déterminés qui ne lâchent pas le maire de Tokyo depuis qu'il a déclaré, il y a plus de deux ans, son mépris pour la langue française. Cette semaine, les 74 plaignants, coriaces et mécontents comme au premier jour, ont saisi de nouveau la justice, nous apprend le Japan Times, pour obtenir excuses et réparations alors que leur démarche initiale a failli se perdre dans les dédales des tribunaux japonais.

Shintaro Ishihara, premier magistrat de la capitale nippone, est fâché avec la langue française car il ne comprend pas, principalement, son mode de désigner les décimales au dessus de soixante.

A soixante-dix, il voit rouge et arrivé à quatre-vingt-dix, lui qui préfère les nonante de nos voisins suisses et belges, il dégaine une phrase assassine comme lors de l'inauguration d'un établissement universitaire à Tokyo en 2004:

"Le français étant une langue inapte au calcul, il est tout à fait normal qu'elle soit disqualifiée comme langue internationale", avait-il lancé. C'était, au-delà de la boutade, sa façon de signifier son opposition à l'enseignement du français dans la nouvelle université.

Pour vous situer l'homme, c'est un ultranationaliste -en France on dirait plutôt un chantre de l'extrême droite- qui se distingue par son aversion pour tout ce qui n'est pas japonais de pure souche, nous rappelle le Japan Times, surtout s'il vient de Chine ou de Corée.

"Je hais Mickey Mouse", s'enorgueillit-il, mais pas seulement.

Shintaro Ishihara s'est distingué en 2001 en appelant les femmes "babaa", un terme péjoratif qui veut dire "vieille sorcière" en japonais. On appréciera en particulier cette citation qui vous campe définitivement le personnage:

"les femmes âgées qui vivent après avoir perdu leur fonction reproductive sont inutiles et commettent un péché".

L'action de défense de la langue française initiée par Malik Berkane, professeur de français qui vit depuis 26 ans au Japon, peut paraître dérisoire en comparaison avec les propos racistes et sexistes de M. Ishihara.

Pourtant, par principe, ce n'est pas parce que le voisin a volé un boeuf qu'il ne faut pas se plaindre lorsqu'il vole votre oeuf.

L'étonnant -ou le compréhensible, ça dépend des points de vue- c'est l'insistance avec laquelle le Quai d'Orsay et l'ambassade de France à Tokyo insistent à ne pas se mêler de cette affaire. Sur son site, Malik Berkane le déplore et raconte comment les officiels lui ont fait comprendre, le mois dernier, que "la mairie de Tokyo et son maire étaient des partenaires privilégiés de la France et qu’à ce titre l’ambassade ne pouvait pas se permettre de critiquer".

Tokyo est la ville la plus riche au monde. Son produit urbain brut (P.U.B) dépasse, en comparaison, le P.I.B de l'Italie.

Lien vers le Japan Times:
http://search.japantimes.co.jp/cgi-bin/nn20070320a2.html
Lien vers le site de Malik Berkane:
http://www7a.biglobe.ne.jp/~mcpmt/toppagefr.html

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